Défi N° 104
proposé par EGLANTINE
La basse-cour est en colère, tous les matins le coq la réveille aux aurores.
Imaginez la révolte des animaux de la ferme, en vers ou en prose,
de la façon qu’il vous sied le mieux, poème, historiette, dialogue …
vous pouvez même convier le voisin qui aimerait lui aussi faire parfois la grasse matinée !
COCORICO ! COCORICO !
DEBOUT LA DEDANS .... AU BOULOT !
Les poules hagardes, yeux défaits, crète décolorée n'en pouvaient plus de ces cadences infernales, on leur demandait de se lever chaque jour plus tôt que la veille.
Elles avaient bien tenté une grève de la ponte pendant plus de vingt jours mais cela n'avait pas entamé la ferveur du coq à chanter au soleil levant . Seul le fermier s'était retrouvé un peu plus ... sur la paille.
Rénato fièr comme le coq qu'il était, scrutait le cheptel de la basse cour qui s'approchait lentement de son tas de fumier.
Un dindon glouglouta un juron jusqu'à en devenir bleu de colère, puis retourna au plumard non sans avoir montré son derrière en une roue majestueuse à l'encontre du gêneur.
Une oie blanche pourtant bien remontée rougit de ce manque de respect .
COCORIC...
- Qu'on lui cloue le bec ! osa une poule mouillée à peine sortie de sa douche
..CO COMMENT ?
- Qu'on lui coupe la tête ! couina un canard de barbarie
-Vous n'y pensez pas ? s'offusqua une mère poule
vous voulez qu'ils fassent des cauchemars jusqu'à la fin de leurs jours ? désignant sa progéniture jaune poussin accrochée à ses jupons
Un coq sans tête qui cavale tout autour de la basse cour... BRR j'en ai la chair de poule !
Les invectives et les revendications pleuvaient de toutes parts, on sortit les outils , fourches, marteaux, faucilles sur les barricades .Quelques jeunes poulets bien décidés à en découdre avec la vieille garde aiguisaient leurs ergots malgré les appels au calme d'un chapon avachi. Le rouge de la révolte gonflait l'air frais du matin pâle.
Soudain une détonation retentit éparpillant la foule en un nuage de poussière et une volée de plumes .
De caquetages en langues de vipères, on chuchotait depuis les poulaillers, tout laissait présager un attentat et la fin tragique du coq ...
On imaginait déjà les gros titres des feuilles de choux :
MORT DE RENATO
ROI DU BEL CANTO
SA CARRIERE A PRIS DU PLOMB DANS L'AILE.
SILENCE RADIO
SIFFLET COUPE POUR RENATO
repose en paix ! (et nous aussi)
Quand chacun eût repris ses esprits , et se hasarda dehors les yeux rivés sur le tas de fumier...
On découvrit une joyeuse kyrielle de pintades maquillées en cocottes de luxe, dandinant du croupion, enlacer Rénato et l'entrainer dans un french cancan endiablé. Quelques lapins agiles accompagnaient la troupe en roulant des mécaniques et des grosses caisses dans un raffût assourdissant.
Ah ça ira, ça ira, ça.... alla mieux dès le jour suivant : Tout le monde se mit au travail sans rechigner, à l'heure qui lui convenait .(le travail à la carte du parti pris était né)
Rénato ne sonna plus jamais le réveil à l'aurore ! Savez vous pourquoi ?
Chaque soir, il rejoignait sa troupe au lit d'Ô,
chantait à tue crête , dansait avec son truc en plume jusqu'au petit matin
et dormait .....au moins jusqu'à midi le lendemain !
@Tricôtinôplumarre