et les "croqueurs de mots"

Toi Julien,
Toi enfant arrivé au village
Toi que j'ai connu bambin
Toi que j'ai vu grandir
avec mes deux garçons
Toi que j'ai croisé souvent
me souhaitant bonjour
de ton large sourire blond
Je suis à mon tour ta mère,
mes tripes crient la douleur
le désespoir de tes parents
mes entrailles se tordent
révulsées, exsangues
Je te pleure
Je pleure sur ta vie
partie samedi matin
Toi qui ne pensait pas
avoir autant d'amis
ils étaient tous présents
t'accompagnant jourd'hui
vers ton dernier voyage
Je ne pardonne pas
à ta belle mécanique
Je ne pardonne pas
à ton engin diabolique
ce crime contre nature
Je ne pardonne pas
que tu sois à jamais absent
Enfant, ami des miens,
tu n'avais que 22 ans
- Pascale qui n'a pas le coeur à tricotiner
Arthur RIMBAUD (1854-1891)
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ;
où le soleil, de la montagne fière,Luit :
c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit
(désolée si je vous mets mal à l'aise avec ces deux poèmes, mais il fallait que ça sorte)