Défi n°88
proposé par Un soir bleu
COMMUNAUTE CROQUEURS DE MOTS
Il m'a fallu remonter le temps... chercher dans la malle aux souvenirs:
En fouillant , j'ai retrouvé des textes oubliés depuis déjà plus de deux ans
soufflons sur la poussière,
60 défis plus tard le n°28 sort de l'ombre à nouveau
il n'a pas pris un ride finalement,
même s'il n'est pas fraichement sorti de mon néon
je l'aime toujours autant ....ce grenier là
"Le grenier mansardé"
La rambarde de bois rugueuse de l'échelle style "meunier" qui y mène, tremble sous l'effet de ma main.
C'était notre quartier général de filles t'en souviens tu Lalie ? Papa nous avait dit "si vous le nettoyez vous pourrez y camper". Pas encore rénové, à cette époque, les trous dans le plancher, les toiles d'araignées, les souris ne nous avaient pas rebutées! Nous en avions fait notre tour d'ivoire, nos lits à baldaquins confectionnés avec de vieux rideaux punaisés sur les poutres, nous jouïons les princesses au grenier dormant ...ne dormions pas ! Nous avions toujours une nouvelle chose à nous dire...Nous inventions nos vies dans ce donjon où les princes charmants viendraient nous délivrer.
Je connais ses entrailles dans les moindres recoins, là sous la tuile qui commence à chauffer au soleil printanier, il y a l'histoire de ma vie antérieure, l'histoire des mes vies intérieures, des morceaux de mon existence dont j'ai voulu conserver l'image, à travers des babioles insignifiantes, de peu de valeur.
Surtout ne rien toucher en mon absence... ne rien emprunter sans m'en parler.. jusqu'à cet ours en peluche borgne qui baisse la tête comme endormi par la chaleur.
Je pourrais m'avancer les yeux fermés sans craindre la moindre bosse, je connais la hauteur des poutres, il suffit de se voûter légèrement.. A droite il y a la petite fenêtre qui donne sur le jardin;
J'ouvrirai d'un coup sec le vieux volet, il ne grincera pas !
Le soleil s'engouffrera arrosant la poussière de son jet lumineux, inondant mes narines des senteurs de Glycine, une abeille éblouie cherchera la sortie, le grenier au printemps , un bonheur sans pareil!
j' avance de trois pas, toujours les yeux clos, la malle de marine de grand père est là, immuable, attendant patiemment qu'un jour on la "descende".. ma malle aux trésors qui ne renferme plus que les confessions d'une adolescente sur un journal intime, perdu dans des photos de classe jaunies, et des correspondances anglophones de mon autre époque.
La progression vers le fond du grenier est plus oppressante, je vais paupières fermées, la luminosité ne se perçoit plus, je sens que l'air est moins léger, l'unique fenêtre ne ventile pas aussi loin, la résine du lambris échaudé semble vouloir pleurer en larmes odorantes.
Ils sont ici au pied de la poutre maîtresse, il suffit que je me baisse un peu, une boite à chaussures fanée leur sert d'écrin : mes patins à roulettes aux lanières de cuir! ils sont là ! bien là! loin des fistons.. trop loin pour qu'ils osent s'aventurer à les essayer.
Le mur de pierre est juste quelques dizaines de centimètres plus loin, l'armoire y est seule à cet endroit, droite comme un garde , l'unique espace où elle et moi pouvons être debout; à l'intérieur la machine à écrire mécanique " une royale", trônant parmi les affaires de plein air que l'on sortira cet été!
J'y passerais des heures, lovée dans cet antre chaleureux, en oublierais de boire et de manger, j'y serais ermite, sage, mon âme y vagabonde... c'est une invitation à la contemplation, la méditation, point besoin de cours de relaxation. Le grenier, c'est le comble! Un paradoxe, on vide la maison et on comble le grenier qui à son tour vous comble avec les souvenirs, j'y retrouve mes morts, mais aussi la vie à travers ces objets , les pans du passé.Ce mouvement perpétuel de sac et de ressac, module les battements de mon coeur , mon rythme cardiaque est entre parenthèses.
Je dois faire demi tour, le temps passe vite dans ma mansarde...
A la sortie je donnerai un petit tour de clé à la bouteille musicale de grand mère Marie, juste pour verifier qu'elle fonctionne, ma visite sera terminée sur un petit air de menuet, je reviendrai avant l'été c'est sûr, chercher le matériel pour les jeunes qui voudront camper... à moins qu'ils n'investissent à leur tour le grenier ?
@Tricôtinôsouvenirs
C'était le thème de ma première prise de commandement sur la coquille, je suis heureuse de participer avec ce texte qui me tient à coeur , une impression de boucle bouclée m'étreint... Merci Francine, pardon de n'avoir pu écrire à nouveau sur ce thème . A bientôt toutes et tous , une petite amélioration après l'infiltration, me fait envisager l'avenir plus sereinement , je reste cependant prudente. J'ai hâte de revenir vers vous en pleine forme ! bizzzzoux.